Pour la première fois, voici l'ensemble des documents originaux relatifs à l'élaboration de la religion musulmane, ou du moins, autant que possible jusqu'à présent.
Cet ensemble de plus de 20 000 textes (soit environ 3500 pages papier) est destiné au public occidental, qui n'a pas accès aux sources, mais aussi au public d'origine musulmane, lui aussi mis dans l'ignorance, et qui pourra enfin juger en connaissance de cause, et se déterminer, en ce début de XXIème siècle.
Nous sommes heureux de vous présenter une version améliorée, augmentée et corrigée, pour au moins 60% du contenu, par rapport à la version précédente. Le reste, soit les questions juridiques, rituelles et théologiques, sera ajoutée dans le courant de l'année. Nous présenterons aussi, à la fin de cette même année, une présentation générale du projet, entièrement refondue et actualisée.
L'objectif de l'entreprise est critique et scientifique, il est inutile de le cacher : la méthode ne s'embarrassera en aucune façon, étant donné l'urgence de la situation, d'une attitude de respect trop souvent répandue, qui s'apparente à la compromission et que rien ne justifie, sinon la honte et la peur. Il y a des circonstances où le respect, surtout quand il n'est pas réciproque, n'est pas une bonne chose. Nous y ajouterons de l'ironie parfois, et nous contesterons tout ce qui n'a jamais été présenté sans preuve. Non, Abraham n'a sans doute jamais existé. Non, la Mer Rouge ne s'est pas écarté pour faire passer Moïse et son peuple. Non, les pains n'ont pas été multipliés. Non, Jésus, le Christ des chrétiens n'a pas pu renaître d'entre les morts. Non, Gabriel n'est pas apparu à un Mecquois amoindri dans la grotte du mont Hira. Non, le Coran n'est pas un livre parfait, clair, et incréé. Non, la Kaba de la Mecque n'est pas le centre du monde. Non, Muhammad n'est pas le personnage parfait et impeccable que l'on décrit.
Oui, l'Ancient Testament a été rédigé dans le cadre de la lutte entre les royaumes de Juda et d'Israël. Oui, Abraham est le père symbolique des tribus nomades. Oui, le peuple juif a été polythéiste et idolâtre, contrairement à ce que disent les textes. Oui, le christianisme s'est construit en excluant et en maudissant les multiples sectes qui se sont constitués au cours de son essor. Oui, il est devenu un instrument de pouvoir prodigieux au service de l'Empire Romain. Oui, l'islamisme est né de la synthèse entre le paganisme arabe, un judaïsme excentrique, et des christianismes déviants. Oui, Allah est un dieu arabe, celui de la Kaba de la Mecque, qui sera transformé peu à peu en dieu unique, excluant celui des juifs et des chrétiens. Oui, le Coran est un agrégat de textes, rassemblés à partir de traditions religieuses et culturelles circulant depuis des siècles au Proche-Orient. Oui, la source de Zamzam à la Mecque est le point de départ de la révolution religieuse qui s'est déroulée en Arabie au VIIème siècle. Oui, personne ne sait rien véritablement de Muhammad, une figure qui a été créée lentement, pour concurrencer les prophètes juifs et chrétiens. Oui, le manichéisme a eu une influence majeure sur la doctrine islamque. Oui, personne n'a de preuve qu'avant les années 700, les conquérants arabes aient été d'authentiques musulmans.
Nous partons aussi du principe essentiel selon lequel les religions sont des créations humaines, et les dieux, des créatures humaines. Elles ont un début, un essor, une décadence et une fin. L'humanité survivra aux religions. Elles ont donc une Histoire, elles connaissent une évolution, leurs doctrines s'élaborent peu à peu, sous l'influence des coutumes populaires et des exigences des théologiens, sous l'influence des circuits économiques et des volontés politiques. Le judaïsme d'Abraham n'est pas celui de Moïse, qui n'est pas celui des Rois, pas celui des Maccabées, pas celui de la chute du Temple, pas celui des synagogues et du Talmud. Le christianisme de Jésus n'est pas celui de Paul, qui n'est pas celui d'Origène, qui n'est pas celui de Constantin, pas celui d'Augustin. L'islamisme de Muhammad n'est pas celui d'Omar, qui n'est pas celui de Muawiyya, pas celui d'Abd al Malik. Il faut donc effacer de nos pensées que les religions naissent d'un coup, toutes armées de la tête de Zeus comme Athéna. Cette vue est fausse et théologique. Or la théologie nous reste étrangère, et doit rester telle. L'Homme, l'espère humaine, sous toutes ses formes, est à la base de tous ces mouvements, et à l'origine de nos réflexions sur ces mouvements.
La critique se fera d'abord sur la validité de la documentation, très faible, et nous n'avancerons que ce qui s'appuie sur des documents, des textes, d'où qu'ils viennent. Nous avons ajouté des analyses classiques d'islamologues de valeur, et parfois, des textes issus d'auteurs musulmans, pour que le public puisse mesurer la catastrophe que constituent pour la science l'absence d'esprit critique et le conformisme intellectuel. Nous présenterons tant que possible toutes les problématiques, les interrogations, les axes de recherche, les thèses en présence et les zones d'ombre du phénomène. Ce sera fait de l'Histoire à coup de marteau. Ainsi publiés, les documents dévoilent largement les origines et l'essence de l'idéologie musulmane, en présentant la personnalité de Muhammad, ses paroles et actes, des circonstances politiques, le contexte culturel, les influences religieuses dans lesquelles elle s'est constituée. Nous n'éluderons pas tout ce qui est d'ordinaire dissimulé, comme la dimension violente et totalitaire de la religion musulmane. Ainsi, ils permettront enfin d'effacer un grand nombre de discours hypocrites, lâches et dangereux, de dissiper mensonges et manipulations, de combler le fossé tragique établi entre ceux qui savent et ceux qui ignorent ou croient savoir. Le court-circuit sera salutaire, et permettra de mettre enfin en contact le grand public et les documents historiques et normatifs de la religion musulmane.
Si des musulmans se sentent offensés par ce qui suit, tant pis: ils n'ont plus qu'à entreprendre à leur tour ce travail, à le commenter point par point et à le critiquer en utilisant les méthodes et ressources de la science moderne. Nous espérons qu'alors notre travail puisse devenir le point de départ de leur réflexion, et qu'ainsi, de "savants de l'Islam" comme ils se proclament, ils deviennent savants et scientifiques, au sens vrai et noble du terme.
Principes éditoriaux :
1 - L'orthographe des mots arabes et particulièrement de l'onomastique a été uniformisée et simplifiée.
2 - Quelques mots issus de traductions anciennes ont été modernisés.
3 - La traduction du Coran qui a été choisie est la seconde due à R. Blachère, qui est la plus rigoureuse et la plus neutre en langue française.
4 - Les mots restitués par R. Blachère dans sa traduction du Coran sont rendus ici sans les parenthèses qui les isolent, pour faciliter la lecture.
5 - Les citations de la poésie arabe et des extraits coraniques présents dans d'autres textes sont en italique.
6 - Les textes largement postérieurs sont présentés en petits caractères, en position centrée.
7 - Autant que possible, la traduction des mots arabes en français est donnée en note, ainsi que la forme arabe, en capitales, quand le terme est donnée en français.
8 - En note se trouvent aussi les mentions des auteurs des récits, quand ils sont signifiants.
9 - Les textes d'origine non-islamique, arabe, chrétienne, etc. sont disposés en retrait, pour les distinguer des autres.
10 - Le nom du dieu spécifiquement arabe "Allah" remplace le mot œcuménique "Dieu" souvent proposé par les traductions anciennes.
11 - Les initiales majuscules sont rejetées quand elles sont grammaticalement indues. Elles ne doivent pas donner un sens particulier aux noms communs.
12 - Les patronymes immédiats des individus sont présentés, mais rarement les autres éléments du nom.
13 - De même, sauf par volonté de démonstration, les éléments des chaînes de transmission de témoignages (isnad) sont réduits au minimum, alors qu'ils occupent une place considérable dans les originaux.